Dixième pays visité, et toujours autant de précieux conseils recueillis !
Voici les leçons tirées de la Côte d’Ivoire.
Les femmes que nous avons rencontrées

Vanessa Moungar – Tout au long de son parcours, Vanessa Moungar s’est donné une mission : œuvrer pour plus d’égalité dans le monde. Pour réaliser son objectif, elle a procédé de façon très méthodique. Dans un premier temps, collecter les diplômes : elle a été major de promo au Paris Business College puis à Harvard. Dans un second temps, s’assoir aux tables où se prennent les grandes décisions. Son choix s’est ainsi porté sur des plateformes internationales : le World Economic Forum puis la Banque africaine de développement, où elle occupe actuellement le poste de Directrice Genre, Femmes et Société Civile. Au-delà du monde du développement, elle participe à une réflexion conjointe au sein de conseils de haut niveau sur les questions liées au continent africain et à la place des femmes dans les sociétés : elle est membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique mis en place par Emmanuel Macron, et du Conseil G7 pour l’égalité femmes-hommes. Bref, autant de rôles que de casquettes qu’elle prend le soin de décrypter pour nous.

Florentine Djiro – Florentine Djiro est la présidente et fondatrice de l’ONG Realic, Réseau Ouest-Africain de Lutte contre l’Immigration Clandestine. Cette association a obtenu le prix d’excellence de la meilleure organisation de volontariat pour sa lutte contre l’immigration clandestine, à travers la sensibilisation, le soutien et la formation des jeunes ivoiriens.

Ruth Tafebe – « Tu veux pas monter un groupe avec moi ? » : Ruth Tafebe a souvent entendu cette phrase dans sa vie. La première fois, c’était après avoir joué du Bob Marley pour son baptême à l’église. De là naîtront les groupes Sagrada Familia, puis The Sunshipp, Afrorockerz, et enfin les Afrosoul Messengerz. Electro, rock, afrobeat, soul… Ruth touche à tout, que ce soit sur les scènes new-yorkaises, bruxelloises, ou à Montpellier. Une artiste libre et indépendante désormais installée à Abidjan, qui nous prépare bien des surprises sur les prochaines années.

Tchonté Pitin Silué – Tchonté Silué, du haut de ses 25 ans, ne manque pas d’audace. Après être devenue la star des réseaux sociaux avec son blog Les Chroniques de Tchonté, elle s’est lancée dans un beau projet : le Centre Eulis. Cet espace est dédié aux enfants de la commune de Yopougon, à Abidjan, pour qu’ils puissent développer le goût de la lecture et du savoir. Une belle histoire d’entreprenariat social où une leçon prédomine : tentez des choses et ne vous laissez pas dominer par le syndrome de l’imposteur.

Marie Stella Konian – Après des études de décoration intérieure, Marie Stella Konian s’est finalement prise de passion pour la permaculture : une agriculture respectueuse de la biodiversité qui s’inspire de la nature pour créer des écosystèmes. Elle a créé sa propre ferme dont les légumes sont vendus dans sa boutique Le Fié à Yamoussoukro. Marie Stella décrit cette boutique comme un lieu « d’art-griculteur » où l’agriculture durable et l’artisanat ivoirien sont valorisés.

Patricia Zoundi Yao – Patricia Zoundi Yao est l’une de ces personnes solaires, celles dont le rire et les idées vous transportent. Passionnée par les populations rurales, Patricia a lancé QuickCash pour faciliter les transferts d’argent, devenant ainsi l’une des pionnières du mobile money. Avec Canaan Land, elle s’attaque désormais à l’agriculture en développant un modèle d’agriculture raisonnée et inclusive en formant de petites agricultrices et en leur garantissant un revenu décent, tout en proposant un modèle d’agriculture respectueux de l’environnement. Une inspiration sans fin qui présage encore de jolis projets !

Mélissa Kacoutié – Mélissa Kacoutié est l’une des architectes ivoiriennes les plus en vue du moment. Diplômée de l’école spéciale d’architecture de Paris, Mélissa a façonné son expérience dans de prestigieux cabinets à l’instar de Archi Concept ou Koffi Diabaté avant de lancer sa propre agence, Jeannette Studio Architecture. Sa patte architecturale lui colle à la peau : « un style brut et minimaliste, une répétition d’éléments simples pour mimer la complexité, le tout doté d’une touche de féminité ».

Edith Brou – Surnommée « la geekette ivoirienne », Edith Brou est régulièrement classée parmi les 50 personnalités les plus influentes en Côte d’Ivoire par Jeune Afrique. Selon Edith, « tout ce qui ne se partage pas se perd ». Pionnière dans le blogging et le community management en Afrique, Edith Brou est devenue une référence lorsqu’on parle de tech en Côte d’Ivoire. Une serial entrepreneuse web qui n’en finit pas de se réinventer !
Créer son métier, être porteuses de sens
Ce qui est frappant parmi les femmes que nous avons rencontrées, c’est qu’elles sont nombreuses à avoir façonné leur propre métier. Edith Brou est devenue la toute première bloggeuse à discuter de l’activité web et tech. Elle a ensuite profité de sa notoriété pour être engagée en tant que « community manager » pour de grands comptes et ensuite pour créer sa propre agence de communication digitale. Patricia Zoundi avait une ambition en tête : émanciper les populations rurales, et plus particulièrement les femmes. Elle a donc décelé les besoins clés de ces populations pour créer deux entreprises : QuickCash, facilitant l’accès aux transferts d’argent dans les zones rurales puis CanaanLand, proposant un modèle d’agriculture raisonnée et inclusive en formant de petites agricultrices et en leur garantissant un revenu décent. Marie Stella Konian s’est prise de passion pour la permaculture, elle en a aujourd’hui fait son métier. Donner un sens à sa profession, c’est le credo de Tchonté Pitin Silué, critique littéraire reconnue sur la toile, qui a ouvert une bibliothèque pour faciliter l’accès à la lecture aux enfants du quartier populaire de Yopougon.
La débrouillardise
Un trait commun à toutes ces femmes, c’est leur débrouillardise. Toutes ont réussi à construire une carrière ou un projet de A à Z, souvent avec très peu de moyens. Mélissa Kacoutié a inauguré son cabinet d’architecture dans son appartement, qui a fait office de lieu de travail pendant plusieurs mois. Marie Stella Konian a créé sa boutique le Fié de toute pièce, avec des matériaux de récupération en guise de décoration. Tchonté Pitin Silué, a économisé de l’argent pour rénover un studio servant de débarras et en faire une bibliothèque pour les enfants. Ruth Tafebe a financé sa carrière musicale grâce à des traductions, avant de pouvoir vivre de son art. La leçon est très simple : ne remettez pas à demain ce que l’on peut commencer aujourd’hui avec les moyens du bord.
Verbaliser ses rêves
Un autre point qu’il nous paraît important de souligner, c’est celui de Vanessa Moungar : « La base de toute réflexion sur son parcours professionnel, c’est de prendre le temps de formuler ses rêves. » Effectivement, ce que l’on oublie parfois de faire à l’entrée dans la vie professionnelle c’est de véritablement prendre le temps de réfléchir à ses envies sur le long terme. Evidemment, il ne s’agit pas là d’un exercice facile mais il est pourtant indispensable. Pour mieux orienter ses choix, il faut être capable de verbaliser son schéma idéal de vie professionnelle. Fixer un objectif à long-terme est essentiel pour définir les différents scénarios qui permettent de l’atteindre, ainsi que les moyens qu’il est nécessaire de mettre en place pour y parvenir. Verbaliser ces rêves, c’est aussi être capable de le communiquer à son réseau pour se faire aider.
Vanessa Moungar n’a jamais raisonné en postes ou entreprises. Son envie était de prendre une part active dans les grandes décisions afin d’avoir un impact positif sur l’Afrique. Harvard est apparu comme une première étape. Pour l’atteindre, elle a d’abord décroché un master dans une école de management française dans laquelle elle a terminé major de promotion. Suite à quoi, elle s’est débrouillée pour travailler aux Etats-Unis, ce qui lui a ensuite permis de suivre un Master en Executive Education à Harvard. Deuxième étape pour participer aux prises de décision : le World Economic Forum est apparu comme un scénario pertinent. Vanessa a donc fait en sorte de nouer des liens avec les personnes qui pourraient l’épauler. Epreuve réussie, elle s’est retrouvée au World Economic Forum où elle a pu s’immiscer dans les sphères décisionnelles. Dernière étape à ce jour : la Banque Africaine de Développement. En ayant fait ses preuves au World Economic Forum et en ayant façonné son réseau, Vanessa Moungar a finit par décrocher le poste de directrice Genre, Femmes et Sociétés à la Banque Africaine de Développement pour être au coeur des décisions concernant l’Afrique et les femmes plus précisément. En gardant en tête son rêve initial, elle n’a de cesse d’élargir son périmètre d’action, notamment via le Conseil Présidentiel pour l’Afrique et son engagement pour d’autres organismes.