Leïla Benhima Cherif, l’engagement dans la peau

Aujourd’hui nous rencontrons Leïla Benhima Cherif, un ponte s’il en est un du monde associatif marocain. Présidente de l’Heure Joyeuse, association majeure luttant contre les nouvelles formes de misère : elle se livre à vous.

Maroc

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Ses débuts

D’origine franco-marocaine, elle naît sous de bons hospices : son père, l’un des premiers médecins du Maroc, a joué un rôle important dans les débuts du Maroc indépendant, jusqu’à devenir ministre sous le roi Hassan II. Elle suivra ses pas en se lançant dans des études en pharmacie à Nancy.

Leïla enchaîne avec un service civique au Maroc et en 1983, à l’Institut Pasteur, où elle traite notamment l’Hépatite B. Elle est cependant mise au placard pour avoir dénoncé des pistes de corruption au sein de l’administration ; et décide de partir pour intégrer l’Industrie pharmaceutique (Sopharma-Maphar), usine de production de produits pharmaceutiques. Après plusieurs années où elle apprend beaucoup aux côtés des ouvriers, elle décide une nouvelle fois de partir, sentant l’appel et le besoin d’une expérience plus « engageante ».

Et sa prochaine expérience sera en effet le projet le plus engageant de sa vie : elle devient présidente de L’Heure Joyeuse, qui va rapidement se professionnaliser sous sa direction : elle devient la première association à effectuer un audit de ses comptes au Maroc. C’est également la première association marocaine à être labellisée par Vigeo en RSA.

L’Heure Joyeuse, ou l’oeuvre d’une vie

Alors qu’est-ce que l’Heure Joyeuse ? Cette entité a déjà 60 ans, et lutte contre toutes les formes d’exclusion. L’association se chargeait à ses débuts d’insérer les femmes en formation professionnelles, d’offrir un préscolaires aux enfants les plus démunis, et de lutter efficacement contre la mortalité infantile dans son service médicosocial de lutte contre la mortalité. Désormais elle a élargi son champ d’action et s’intéresse aux nouvelles formes de misère. Ses actions se concentrent à 25% sur le monde rural, où sont prégnants l’analphabétisme, l’abandon scolaire, le manque d’accès à la scolarité (soit par le prix des fournitures, l’éloignement par rapport aux centres de formation, l’absence d’eau potable, de cantine, de latrines, etc. etc.).

Les opérations de l’Heure Joyeuse ont été couronnées de succès, et reprises par l’Etat marocain (comme l’Opération 100 000 cartables qui a fait connaître l’association), et soutenues par les plus grandes entreprises (Opération vélos avec Procter & Gamble, ou Renault qui fournit des bus à des communes pour permettre aux enfants éloignés des écoles de s’y rendre).

L’association se consacre également à l’insertion des enfants et des jeunes par le biais de ses pôles Education et Formation/Insertion. Pour cela elle a créé en 2009 la Cellule d’Orientation et d’Insertion Professionnelle (COIP, aussi appelée « l’école de la deuxième chance »). Dédiée aux Neet, jeunes peu ou pas éduqués ni en emploi ni à l’école ni en formation, elle prépare les jeunes à l’employabilité et à l’entreprenariat. Ces centres auront déjà inséré 1000 personnes en emploi, et 700 en formation professionnelle.

Voilà l’œuvre de Leila. Remettre les jeunes dans la dignité.

Ses conseils ?

Avoir de la détermination.  Les gens sont parfois si surpris de certaines demandes qu’ils les acceptent.

Ecouter. Chaque personne a quelque chose en elle qu’il faut faire émerger.

S’engager. Dans tout ce qu’on entreprend.

Leila finit sur ces mots : « je ne suis pas une femme extraordinaire. Par contre, oui, j’ai un engagement extraordinaire ». Merci Leila.

Pour aller plus loin

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