Souadou Fall, fondatrice de e-Cover, une startup recyclant les pneus de Dakar

Souadou Fall est une entrepreneuse sénégalaise de talent. Ses études à peine terminées, elle s’est lancée dans un projet de taille : E-Cover. Cette startup vise à trouver une solution à la pollution générée par l’amoncellement des déchets de pneus dans les rues de la capitale. En effet, elle a développé une technique pour transformer les pneus usagés en revêtements de sol utilisables dans les écoles, complexes sportifs, etc. Une jeune femme débrouillarde qui ne recule pas devant les défis.

Sénégal

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L’entreprenariat, une vocation

Je suis sénégalaise, d’origine mauritanienne, et je suis la fille aînée d’une famille polygame. J’ai obtenu un bac en série littéraire puis je me suis dirigée vers le management, avec un master à l’Institut Supérieur de Management de Dakar où j’ai suivi un programme en gestion des entreprises. Je voulais devenir entrepreneure, libre de mes choix. J’ai donc décidé de m’attaquer à un problème de taille, celui de la gestion des déchets de pneus, omniprésents dans les rues de Dakar. Beaucoup de gens à l’époque se concentraient sur le déchet star, le plastique, mais peu s’intéressaient au pneu. En moyenne, le Sénégal reçoit 6000 tonnes de pneus par an (notamment les pneus à chaîne, qui s’adaptent bien aux routes difficiles du pays). Ces pneus finissent par être abandonnés dans les rues, les enfants jouent avec, alors que ce sont des nids à bactéries. Or il est possible de faire des revêtements de sol, des carreaux, etc. dans une orientation industrielle avec des déchets de pneus.

J’ai commencé avec les moyens du bord, en récupérant des pneus et les hachant de façon manuelle sur ma terrasse. Avec les premiers échantillons, mon associée et moi avons commencé à remporter des compétitions et arriver à une phase de commercialisation, après 4 ans et demi de R&D. L’objectif final, ce serait d’avoir une grande unité de production pour produire des granules issus de pneus.

L’art d’entreprendre

Notre activité tourne autour de l’installation de revêtements de sol, notamment pour les écoles (le produit est amortissant, ce qui est plutôt adapté aux cours d’enfants). Le m2 est à 8000 francs, aligné sur les prix du substitut, le gazon synthétique. On peut également faire des terrains de basket et de tennis. Notre cible, ce sont les complexes sportifs, pour remplacer le béton actuel. Egalement les mairies, dont on peut faire la réfection. J’ai également rencontré le président de la NBA en Afrique, qui est Sénégalais, et qui cherche à former plus de basketteurs : l’idée serait de créer plus de terrains de basket au Sénégal, et ce serait génial de pouvoir faire partie de ce projet.

Pour la suite, j’aimerais développer E-Cover pour en faire une véritable industrie de transformation de déchets.

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