Tchonté Silué, chroniques d’une bibliothécaire hors normes

Tchonté Silué, du haut de ses 25 ans, ne manque pas d’audace. Après être devenue la star des réseaux sociaux avec son blog Les Chroniques de Tchonté, elle s’est lancée dans un beau projet : le Centre Eulis. Cet espace est dédié aux enfants de la commune de Yopougon, à Abidjan, pour qu’ils puissent développer le goût de la lecture et du savoir. Une belle histoire d’entreprenariat social où une leçon prédomine : tentez des choses et ne vous laissez pas dominer par le syndrome de l’imposteur.

Côte d'Ivoire

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Côte d'Ivoire 〰️

J’ai grandi à Abidjan, dans le quartier de Yopougon. Une enfance assez normale somme toute, nous étions 5 frères et sœurs dans la famille. J’ai grandi entourée de livres, mes parents voulaient nourrir ma passion pour la lecture. Je lisais beaucoup de romanciers ivoiriens, surtout Camara Nangala.

A la sortie du bac, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Sur les conseils d’un étudiant rencontré en journée portes ouvertes, j’ai décidé de faire un Bachelor en Finance, à l’Université Internationale de Grand Bassam, que j’ai terminé deux ans plus tard à Atlanta, pour un transfert. Mais finalement, la finance ne m’a pas tant plu, et j’ai surtout découvert l’entreprenariat social. Je me suis alors lancée dans un Master en Entreprenariat Social à San Francisco, pour enfin rentrer au pays en 2016.

J’ai commencé à enseigner dans mon ancienne université, je donnais des cours de business, puis je suis devenue maîtresse en maternelle. Ma mère est enseignante, et au fond de moi j’ai toujours eu cette volonté de transformer le système éducatif en Côte d’Ivoire, pour le rendre plus accessible. Je parlais beaucoup de ces problématiques dans mes blogs, notamment Les Chroniques de Tchonté.

C’est donc dans ce contexte que je me suis lancée dans la fondation du Centre Eulis (vous l’aurez deviné, mon nom de famille à l’envers). En 2016, alors que je lisais Père Riche Père Pauvre, de Robert Kiyosaki, je me lance le défi de faire la même chose que le héros du livre : créer une bibliothèque. A l’époque, je faisais des ateliers de lecture dans plusieurs écoles, j’ai voulu créer un lieu pour enseigner de façon ludique et donner aux enfants le goût du savoir et de la lecture.

Mon père avait un studio inutilisé qui servait de débarras : on l’a entièrement rénové, j’y ai investi mon argent économisé… Pour remplir ce lieu, j’ai donné mes livres, j’en ai aussi acheté, des organisations ont fait des dons… Nous étions lancés. Désormais nous avons 200 abonnés à la bibliothèque, et nous avons aussi lancé des ateliers à l’intérieur du pays.

L’idée, c’est d’ouvrir d’autres centres Eulis dans le reste du pays, car la Côte d’Ivoire a besoin de nouvelles initiatives dans le domaine de l’éducation : le niveau baisse au fil des années, les financements d’infrastructures sont insuffisants, les classes sont surpeuplées. Il faut faire quelque chose.

Pour la suite, je n’ai pas de plan. J’ai des idées d’actions que j’ai envie d’accomplir : ouvrir de nouveaux centres Eulis, une école, un centre reconnu pour la promotion de l’éducation. Et continuer de lire, manger, écrire, voyager. En fait, moi, dès que j’ai une envie, je me dois de l’essayer. Et c’est ça mon conseil : ne laissez pas le syndrome de l’imposteur vous dominer et dominer votre futur.

La liste de lecture de Tchonté

Père Riche Père Pauvre, de Robert Kiyosaki

Tous les livres de Chimamanda Ngozi Adichie

Les erreurs de maman, de Josselin Kalla

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