Wanjira Mathai, sublimer un héritage puissant
On ne présente plus Wangari Maathai, la première femme africaine à obtenir le prix Nobel de la Paix pour son activisme environnemental. Mais permettez-nous de vous présenter sa fille, la géniale Wanjira Mathai. Elle porte fièrement l’héritage de sa mère : à travers la Fondation Wangari Maathai, le Green Belt Movement et l’Institut Wangari Maathai, elle cherche à accompagner la nouvelle génération de jeunes hommes et femmes vers un pouvoir plus responsable et plus juste. Une belle leçon de continuité pour une femme qui aura côtoyé deux Prix Nobel de la Paix : sa mère et Jimmy Carter, au Carter Presidential Center aux Etats-Unis.
Kenya
〰️
Kenya 〰️
Passionnée de biologie et de santé publique
Née à Nairobi, Wanjira a ensuite déménagé dans l’Etat de New York pour y faire un master en biologie, puis étudier la santé publique. Ses deux sujets de prédilection – science et santé – l’ont en effet naturellement menée à s’intéresser à la santé publique, qui adresse des problématiques internationales et ont un impact durable sur le plus grand nombre de personnes.
Elle se retrouve donc en poste au Carter Presidential Center, qui œuvre pour l’éradication d’épidémies, la santé des personnes réfugiées, etc. 6 ans à travailler pour un ancien président américain, prix Nobel de la Paix.
Elle décide alors de rentrer au Kenya, pour se rapprocher de ses racines et de sa famille. Wanjira, au Kenya, aide donc sa mère dans le cadre du Green Belt Movement, qui croît rapidement et attise la curiosité à l’international. Cette collaboration mère-fille ne devait être que ponctuelle, le temps pour Wanjira de retomber sur ses pieds et rentrer aux Etats-Unis en Octobre 2004, la deadline qu’elle s’était fixée. Wanjira et Wangari travailleront finalement 12 ans côte à côte. En effet, début Octobre, alors qu’elle s’apprêtait à partir, l’annonce de la nomination de Wangari Maathai comme prix Nobel de la Paix tombe. C’est une surprise monumentale, personne ne s’y attendait.
Soutenir un Prix Nobel : une tâche ardue
Les retombées médiatiques ne se font pas attendre. Wanjira ne peut que rester et aider sa mère à affronter la tempête médiatique qui s’annonçait. Et le travail d’explication est sans fin. Décerner le prix Nobel de la paix à une environnementaliste était en effet à l’époque plutôt controversé. Qu’avait l’environnement à voir avec la paix ? Wangari, aidée de sa fille, passera le reste de sa vie à expliciter les enchevêtrements complexes entre environnement, démocratie, paix, développement durables, guerres et ressources naturelles. Désormais ces problématiques sont adressées comme des évidences.
Wanjira décide très tôt de dédier le reste de sa carrière à perpétuer l’œuvre de sa mère. Et cela passe par trois organismes différents. L’Institut Wangari Maathai tout d’abord : fondé du temps de Wangari, il étudie l’intérêt et la pertinence des recherches scientifiques par rapport aux besoins du pays. En effet, les étudiants n’étaient pas préparés au terrain, et leur curriculum théorique reste déconnecté des communautés, incapable de les mobiliser. L’Institut a donc comme objectif de reconnecter les étudiants environnementaux aux racines à travers un apprentissage par l’expérimentation.
Une relation symbiotique s’établit alors entre l’Institut et le Green Belt Movement, deuxième organisme de l’héritage Maathai. En effet, les données et conclusions amenées par l’étude de la nature du Mouvement influent sur les recherches universitaires, et vice-versa. L’idée est surtout d’éviter le vide qui existe souvent entre les connaissances académiques et la pratique sur le terrain. Le Green Belt Movement, donc, mobilise les communautés pour réhabiliter la nature et leur environnement. La vraie plus-value du mouvement réside dans sa capacité à mobiliser des milliers de personnes à planter des arbres, en leur faisant comprendre pourquoi ils le font. En tout, plus de 50 millions d’arbres auront été plantés.
Le travail accompli par ces deux organismes vient être complété par la Fondation Wangari Maathai, développée par Wanjira après la mort de sa mère. Wanjira était en effet préoccupée par le manque de résonnance du message de sa mère auprès de la jeunesse kényane. Elle a donc développé la Fondation pour inciter les jeunes, futurs dirigeants du pays, à choisir une vie courageuse, au service de leur communauté.
Et pour la suite ? Wanjira espère voir la Fondation grandir et atteindre toutes les écoles du Kenya. Elle veille aussi à la création d’un mémorial pour Wangari et son Prix Nobel de la Paix. Tout un programme pour maintenir et faire évoluer un héritage exceptionnel.
Pour aller plus loin
La fondation Wangari Maathai : www.wangarimaathai.org
L’Institut Wangari Maathai : https://wmi.uonbi.ac.ke/
Le Green Belt Movement : www.greenbeltmovement.org
Le Documentaire Taking Root : http://takingrootfilm.com/