Abai Schulze, faire du cuir un atout éthiopien
Abai Schulze est la fondatrice de ZAAF, la première marque éthiopienne de renommée internationale dans le secteur du luxe. Ayant grandi dans un orphelinat jusqu’à l’âge de 11 ans, Abai a ensuite été adoptée par une famille américaine dans le Texas. Après s’être investie pour les entrepreneurs sociaux à travers Ashoka et l’OPIC, Abai a décidé de rentrer en Ethiopie pour prendre une part active au développement économique de son pays d’origine. Avec ZAAF, elle est la première à faire du cuir éthiopien un atout économique, un secteur jusque-là inexploité.
Ethiopie
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Identité double
Née en Ethiopie, Abai grandit dans un orphelinat catholique à Gishen, un village reculé au Nord-Est de l’Ethiopie. À l’âge de 11 ans, elle est adoptée par une famille américaine et part vivre dans le Texas. Entourée d’amour avec 4 frères et 2 sœurs, sa famille tient à ce qu’elle conserve sa langue natale, l’Amharic et elle reviendra à plusieurs reprises en Ethiopie avec sa famille adoptive.
Après être diplômée d’une licence d’économie et de Beaux-Arts à la George Washington University, Abai entreprend un stage à Overseas Private Investment Corporation (OPIC) pour gagner en expérience sur le développement économique. Après quoi, elle travaille un petit temps pour Ashoka, entreprise pionnière dans l’entrepreneuriat social, chargée de dénicher, sélectionner et soutenir les meilleurs entrepreneurs sociaux au monde.
Alors qu’initialement Abai imagine travailler quelques années aux Etats-Unis avant de reprendre des études dans école de commerce, ses expériences professionnelles lui font prendre conscience qu’elle souhaite entreprendre en Ethiopie et participer à l’économie du pays. « J’étais de toute manière assez jeune pour tenter ma chance en Ethiopie, échouer puis rentrer aux Etats-Unis pour reprendre mes études ».
ZAAF, la première marque de luxe éthiopienne de renommée internationale
C’est avec l’envie de mettre en avant la culture éthiopienne et de créer des emplois qu’Abai décide de créer ZAAF. « Arbre » en Amharic, ZAAF est une marque éthiopienne de maroquinerie pour femmes et hommes utilisant le meilleur du savoir-faire éthiopien.
Abai n’a pas fait d’école de mode et elle n’est même pas une grande fana de sacs à mains mais c’est cette non-conformité qui fait tout le charme de ZAAF. Les débuts sont fastidieux : Abai apprend à designer, à différencier les meilleurs cuirs, à comprendre les attentes des clients dans le luxe et à dénicher les meilleurs artisans (aujourd’hui au nombre de 17). Grâce à d’importants efforts de branding, l’ouverture du premier magasin physique à Addis s’avère être un franc succès.
Cinq ans plus tard, la marque a obtenu plusieurs récompenses, a fait la couverture de plusieurs magazines internationaux, s’est imposée à la New York Fashion Week et les ventes de son site online ne cessent de croître en Europe et aux Etats-Unis où une boutique vient d’ailleurs d’être ouverte à Washington. Désormais, Abai souhaite étendre les catégories de produits de ZAAF et s’étendre géographiquement.
Être une entrepreneur femme en Ethiopie
Si l’écosystème de femmes entrepreneures croît en Ethiopie ces dernières années, être une femme entrepreneure en Ethiopie n’est pas toujours facile, « la façon dont on parle à une femme est différente, il faut savoir faire preuve de poigne, être directe, ne pas baisser le regard ».
Il faut aussi être réaliste, être entrepreneur n’est pas donné à tous : il faut être très indépendant pour être à même de manager son temps sans avoir à rendre des comptes à une tiers personne. Il faut savoir analyser et quantifier les risques, les avantages et les inconvénients. Il faut vraiment aimer ce que l’on fait et sentir que l’on en est satisfait.
Mais ce qu’Abai retire particulièrement de son parcours, c’est qu’il est primordial de créer une équipe qui ait une vision commune et qui soit prête à s’engager durablement pour l’entreprise.