Sylvie Milhard, de comptable à viticultrice
Sylvie Milhard est propriétaire du Château Vieux Mougnac, un petit domaine de 10 hectares situé dans le Grand Saint-Emilionnais. Elle est l’une des premières femmes propriétaire d’un domaine de vin dans la région. Aujourd’hui, elle porte l’héritage de 5 générations et perpétue le savoir-faire et la philosophie de sa famille : un travail artisanal avec une viticulture 100% biologique et biodynamique, respectueuse de l’environnement.Odile Renaud-Basso est la première femme à la tête de la direction générale du Trésor, sans aucun doute l’un des postes les plus prestigieux de Bercy. À la Cour des Comptes, puis à la Commission européenne, en passant par la Caisse des Dépôts et des Consignations et même par Matignon (en tant que directrice adjointe du cabinet du premier ministre), Odile Renaud-Basso est devenue une figure incontournable de l’administration française et européenne. Aujourd’hui candidate pour la présidence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), elle pourrait potentiellement devenir la première femme à occuper ce poste d’ici quelques jours. Elle se confie ici sur son parcours hors-normes.
France
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1870.
Tout commence au milieu du XIXème siècle lorsque Felix et Elisabeth Milhard s’installe dans un petit village de 750 habitants du nom de Petit-Palais-et-Cornemps, dans le Grand Saint-Emilionnais. À l’époque, ils pratiquent la polyculture avec sur leurs terres une grande diversité agricole où se mêlent bovins et céréales. En 1870, le couple décide d’acheter des terres supplémentaires afin d’y planter de la vigne. Dans la foulée, ils transforment leur grange en chai pour débuter la production de leur premier vin à base de Merlot.
1940.
Deuxième génération avec Maxime et Marcelle Milhard. Dans la lignée de leurs parents, ils travaillent la terre et continuent de produire et vendre du vin rouge jusqu’à ce que la guerre éclate. Maxime Milhard est fait prisonnier et retenu en Allemagne jusqu’en 1945. Cinq années de captivité où il travaille dans une ferme et apprends à cultiver des cépages blancs qui lui sont inconnus. En son absence, c’est sa femme Marcelle qui continue de s’occuper du domaine viticole, seule. Au retour de Maxime, ils décident de planter les premiers plants de Sémillon, cépage blanc traditionnel de la région encore utilisé aujourd’hui au Château Vieux Mougnac.
1960.
Grosse vague d’industrialisation post-guerre. Yves et Maria Milhard refusent de se laisser tenter par les avancées technologiques et perpétuent le savoir-faire ancestral de la famille : un travail 100% artisanal avec une agriculture respectueuse de l’environnement. Yves disait : “Il y a une tête de mort sur les emballages, je ne veux pas m’empoisonner et empoisonner mes clients. Je veux laisser une terre saine à mes petits enfants.” Pendant qu’Yves s’occupe de ses vignes et de son vin, Maria développe la propriété en lançant la vente directe au domaine et sur les marchés de Dordogne. Ils ne le savent pas encore mais leur travail portera un nom dans quelques années : la viticulture bio et biodynamique !
1991.
Je suis la 4ème génération. Bien que très intéressée par la viticulture, je décide de me tourner vers une carrière qui m’apparaît comme plus confortable financièrement et en termes d’équilibre de vie. Je deviens alors comptable dans le Libournais. Les années filent et je ne trouve de moins en moins de sens à mon travail. L’agriculture intensive est en plein boom et je réalise que la propriété de ma famille est l’une des rares de la région à ne pas emprunter la voie de la mondialisation.
J’ai toujours été très attachée à mes racines et mon histoire familiale et je décide donc, en 1991, de reprendre le Château Vieux Mougnac. Je suis l’une des premières viticultrices à devenir propriétaire d’un domain de vin. Aujourd’hui encore, je porte le savoir-faire et la philosophie des générations qui m’ont précédées. Bien plus qu’un simple vignoble, ce domaine représente pour moi un patrimoine qu’il faut préserver et transmettre aux générations futures. Depuis 5 générations, nous n’avons jamais changé notre façon de travailler le sol : avec le labour au cheval. Jamais aucun herbicide n’a été utilisé dans le vignoble. Cette méthode ancestrale consiste à décompacter et à aérer le sol pour maintenir une biodiversité naturelle et fertile. Ce procédé aide également les racines des vignes à aller chercher plus en profondeur les nutriments et l’eau dont elles ont besoin. Ce travail effectué depuis 1870 permet de pouvoir avoir des vignes plus âgées allant de jusqu’à 80 ans.
2010.
En 2010, mon mari Michel Bessard, professeur à la retraite, rejoint la propriété. Depuis, un long chemin a été parcouru : en 2012, nous avons obtenu la certification Agriculture Biologique. La même année, nous avons créé une salle de dégustation afin d’accueillir nos clients. En 2016, ma fille Laetitia (5ème génération) a créé sa propre société dédiée à l’oenotourisme : LO Wine qui propose des ateliers de dégustation et formation autour du vin au Château Vieux Mougnac.
Et aujourd’hui ?
Ce dévouement pour une agriculture respectueuse de l’environnement devient de plus en plus difficile dans le vignoble. En effet, le changement climatique se fait ressentir de manière intense depuis maintenant 2 ans. En 2017, un gel tardif a détruit la totalité de la récolte alors qu’en 2018 c’est un été chaud et pluvieux qui a amené le Mildiou et ravagé 80% des vignes. Malgré ces conditions climatiques compliquées, nous continuons de nous battre pour une viticulture durable avec de nouvelles idées pour s’améliorer !
Mes enfants et petits-enfants représentent aujourd’hui les cinquième et sixième générations. Histoire à suivre !