Entre authenticité et modernité, les femmes tunisiennes participent indéniablement au patrimoine culturel tunisien depuis la nuit des temps : d’après l’Office National de l’Artisanat, environ 80 % des artisan·e·s tunisien·e·s sont des femmes, dont 60 % vivent et produisent dans les zones rurales. A Sejnane, la poterie est l’apanage des femmes : toutes les étapes de la production sont accomplies par des femmes, qui vendent également les poteries dans le village ou sur le bord des routes avoisinantes. Aujourd’hui, les poteries de Sejnane sont incontournables des expositions d’artisanat (à l’instar de la Foire de l’Artisanat du Kram), concept stores et autres activités de promotion du patrimoine. Les dépendances s’inversent et les maris s’impliquent auprès des femmes pour les appuyer dans la chaîne de production ou de vente, ce qui fait de cet artisanat un outil de promotion de la cohésion familiale. Les femmes occupent une place incontournable dans la communauté.
De nombreuses associations accompagnent aujourd’hui les potières de Sejnane. En octobre 2012, un groupement d’intérêt économique des potières de Sejnane a été créé, à l’initiative de Fares Mabrouk, homme d’affaires tunisien. Mis en place par Mabrouka Gasmi, le groupement réunit une quarantaine de potières pour leur permettre de réunir leurs forces et moyens tout en conservant leur autonomie. Le groupement a accompagné les potières dans une meilleure valorisation de leurs produits (notamment à travers la reconnaissance de ce savoir-faire par l’UNESCO) et dans la commercialisation leurs productions. Par ailleurs, le groupement participe à faire prendre conscience et affirmer les droits dont disposent ces femmes.